Tout le Monde
peut Triompher 

À bien des égards, la tâche de l’aficionado est aisée. Nous ne risquons pas grand-chose, et pourtant, nous jouissons d’une position de supériorité par rapport à ceux qui se soumettent, avec leur travail, à notre jugement. Nous nous épanouissons dans la critique, plaisante à écrire et à lire.

Mais l’amère vérité, qu’il nous faut bien regarder en face, c’est que, dans le grand ordre des choses, la faena la plus mauvaise, la passe la plus médiocre ont sans doute plus de valeur que notre critique qui les dénonce comme telles.

Il est pourtant des circonstances où l’aficionado prend un vrai risque : c’est lorsqu’il découvre et défend l’innovation. Le monde trop codifié de la tauromachie est souvent malveillant à l’encontre des nouveaux talents et de la création.  Le nouveau a besoin d’amis…

Parfois, on vit des expériences inédites, on assiste à des moments extraordinaires, d’une origine singulière s’il en est. Avancer que ces moments et leurs créateurs ont radicalement changé l’idée que l’on se fait de l’art serait peu dire. Ils nous bouleversent au plus profond de notre être.

Je n’ai jamais fait mystère du mépris que m’inspirait la phrase : « Tout le monde peut triompher ». Mais ce n’est qu’aujourd’hui, aujourd’hui seulement, que je comprends vraiment ce qu’elle voulait dire.

Tout le monde ne peut pas devenir un grand artiste. Mais un grand artiste peut surgir n’importe où.